Notre histoire
Jean-Baptiste Daviais, le fondateur
La "Fédération des Amicales d'anciens élèves et amis des écoles publiques de Nantes et banlieue" est fondée le 25 juin 1935. Cette première FAL qui remplace dès 1936 l'adjectif "publique" par "laïque", est marquée par la personnalité de son fondateur, Jean-Baptiste Daviais. "Pur républicain" très attaché à l'action sociale, il ne se rattache avant 1940 à aucun parti politique. "philanthrope" et à son attachement doté d'un anticléricalisme vigoureux sans dénier toute valeur privée aux idées évangéliques, on peut le situer aux confins du radicalisme et du socialisme.
Dans Nantes occupée il mène une double activité : au grand jour il crée un centre d'accueil aux réfugiés puis organise des souscriptions pour les familles des déportés et pour celles des 50 otages dont il n'hésite pas à fleurir les tombes ; on le voit aussi lancer une collecte pour le remplacement de la statue d'Ange Guépin abattue par les Allemands.
Clandestinement il se rattache au mouvement Libération. Membre du C.D.L., il devait exercer à la Libération la charge de maire de Nantes. Il sera arrêté avec ses camarades du Comité le 17 avril 1944, torturé puis déporté, il mourra à Dachau le 7 janvier 1945. Le souvenir de J.B. Daviais s'est imprimé dans le paysage nantais avec le monument inauguré en 1946 au square de la petite Hollande qui porte depuis lors son nom.
Autre fondateur de la FAL, Maurice Daniel ; petit-fils du Communard Eudes, ingénieur et président de l'Amicale Laïque de Saint -Sébastien, il sera fusillé par les nazis en 1942 à Fresnes.
Découvrez l'histoire de la FAL à travers deux films : " Des origines de la FAL 44 jusqu'aux années 70" & " Des années 80 à nos jours "
" Des origines de la FAL 44 jusqu'aux années 70"
" Des années 80 à nos jours "
La FAL avant 1940
Le support d’origine, ce sont les Amicales d'anciens élèves, existant avant la création de la FAL presque uniquement en milieu urbain mais dont certaines remontent au début du siècle, que ces Amicales soient la matrice de la Fédération locale de la Ligue de l'Enseignement représente une originalité. Dans la plupart des autres départements en effet, la Ligue, qui avait amorcé à la fin des années 20 une profonde mutation en se spécialisant en unions fédérales d’oeuvres post-scolaires pour le sport (UFOLEP), les colonies de vacances (UFOVAL), le cinéma éducatif (UFOCEL puis UFOLEIS) et même l'aéromodélisme s'était regroupée en Fédérations d'Oeuvres Laïques.
A l'origine de ces FOL on trouve presque toujours l'initiative des enseignants ainsi que de l'inspection primaire, la ligue de l'Enseignement conservant souvent un caractère para-administratif. A Nantes, ces milieux n'ont joué qu'un faible rôle, sans doute à cause du déclin après 1914 du cercle départemental de la Ligue de l'Enseignement qui constituait pourtant vers 1900 un maillon essentiel du tissu républicain. Au contraire, les "petites A", destinées à défendre l'école avaient prospéré regroupant non seulement les anciens élèves mais les parents d'élèves (encore inorganisés) autour de notabilités républicaines du quartier qui en exerçaient souvent la présidence.
Il est probable que les liens personnels entre les différents responsables d'Amicales s'étaient aussi forgés dans les loges maçonniques, hypothèse attestée par le vocabulaire des réunions fondatrices de la FAL où l'on parle, par exemple, de "créer le temple de la solidarité et de l'entraide"...
Quels sont les buts fixés à la Fédération ?
Par le regroupement des forces, elle doit servir à développer le rôle de "fraternité" et de "bienfaisance" déjà tenu par les Amicales auprès des écoles, de leurs élèves et anciens élèves (entretien des locaux, fourniture de matériel, de livres, de prix, aide aux vacances, placement post-scolaire etc. ) En même temps, elle permettra de lutter contre "ces ennemis de l'école laïque et par conséquent de la démocratie qui misent sur notre défaillance ou notre négligence pour accomplir leur funeste projet."
La Fédération des Amicales Laïques de Loire Atlantiquede 1935 aux années 1990
A l'échelle de la ville de Nantes où l'enseignement primaire public est légèrement majoritaire, ce sont peut être moins les écoles catholiques que les patronages "superbement aménagés et dirigés", et attirant parfois le jeudi les élèves de la Laïque, qui sont redoutés. C'est donc dans le secteur "post scolaire" que vont se déployer les efforts de la FAL, en particulier grâce au sport.
Plus encore que le sport, les fêtes apparaissent en effet comme l'activité la plus importante du mouvement. La première d'entre elles est organisée les 13 et 14 juin 1936 dans le cadre prestigieux du château des ducs de Bretagne avec le concours de la musique de la flotte de Brest. La réussite populaire et financière est importante et attestée par la presse de l'époque. Pendant des années, affection d'ignorance réciproque, et frappant parallélisme dans les activités festives, qui semblent se répondre, parfois dans le même lieu, vont caractériser les "rapports" entre laïques et catholiques. Et de fait, on voit bourgeonner kermesses locales propres à chaque Amicale, fête d'hiver de la FAL, fête lyrique, bals, rallyes cyclistes et champêtres, etc…
Ce visage festif dont le principal artisan avec J.B. Daviais est l'imprimeur Fernand Jagueneau est dicté par des objectifs financiers, les recettes des kermesses représentant aujourd'hui encore les ressources principales des Amicales; mais il correspond en même temps à une stratégie de "propagande joyeuse". Pour J.B. Daviais, la FAL, organe "de propagande et non de combat", doit par ailleurs éviter de prendre des engagements politiques trop voyants.
Soucieux d'éviter les réactions de rejet dans les villages où il aide à créer les Amicales laïques, J.B. Daviais déconseille ainsi en 1937 une adhésion collective de la FAL au Comité d'Action et de Défense Laïque qui regroupe syndicats et partis du Front populaire. Cette prudence, d'ailleurs discutée par plusieurs de ses collègues, s'explique davantage par un souci tactique que par une tiédeur politique. "Bras festif" du parti républicain, la FAL a en tout cas réussi à faire naître de nouvelles Amicales ; elle en regroupe 58 en 1939...
Le développement de l'après-guerre
Au début de 1945, 55 amicales se sont réorganisées et le nouveau président, Rouxel, fait appel à toutes les bonnes volontés pour trouver des cadres de 18 à 30 ans "dévoués à la cause laïque et ayant une moralité irréprochable". Il faut dire que la situation des écoles publiques est préoccupante et que pour la première fois dans la ville de Nantes leurs effectifs sont inférieurs à ceux des écoles privées. Cet appel semble avoir été entendu et la FAL regroupera en 1948 près de 25 000 adhérents dans 140 Amicales; un quart d'entre elles sont situées dans l'agglomération nantaise, la plus grande, celle de Doulon comptant 800 membres environ. Ce développement se fait en liaison plus étroite avec l'échelon national et grâce à la mise à disposition de plusieurs instituteurs détachés.
On voit après 1945 les activités de l'avant-guerre se poursuivre. Le sport post-scolaire rattaché au circuit UFOLEP se développe en particulier, il est doublé à partir de1955 de l'USEP pour les écoliers. Mais la grande affaire de la Libération sera l'organisation des colonies de vacances grâce à l'acquisition de la propriété de la Turmelière.
Cadre prestigieux que ce château natal de Joachim du Bellay, cadre idéal pour le déroulement des grands jeux animés par des éducateurs formés dans les mouvements des CEMEA ou des Francs Camarades.
Le centre de la Turmelière qui est toujours géré par la FAL deviendra plus tard un aérium et est aujourd'hui un centre d'éducation spécialisée. Caractéristique de cette période est aussi l'effort d'éducation populaire : danse, musique, chorales d'Amicales, chorale J.B. Daviais qui acquiert rapidement une grande renommée... On voit aussi s'ouvrir de nombreuses sections théâtrales d'Amicales. L'UFOLEA ,et les débuts du cinéma éducatif, encore "pionnier" vers 1950 (UFOCEL).
Le militantisme laïque
On est frappé par le parallélisme souvent fait et ici explicitement suggéré avec l'adversaire catholique.
Un tel militantisme n'était certes incarné comme toujours que par une petite minorité.
Il reste que dans cette génération marquée par l'Occupation, par les attaques de Vichy et la Résistance une vraie ardeur s'est manifestée, à Nantes comme dans l'ensemble de la France.
Un autre trait, particulièrement frappant dans la génération la plus ancienne qui dirige la FAL, est l'intransigeance morale dont on pourrait relever de nombreux exemples : dénonciation à propos de la littérature enfantine de la désastreuse "presse haschich" venue d 'Amérique, mise en cause du manque de tenue de ceux qui omettent de se découvrir dans un bureau de vote en présence du peuple souverain, indignation devant la "prostitution morale" de pseudo laïques prêts à envoyer leurs enfants dans une école ou une colonie confessionnelle, etc. Comme pour l'apostolat militant, le rigorisme moral est en partie une réponse à l'adversaire catholique dont on n'hésite pas à dénoncer le laxisme.
La lutte laïque et l'anticléricalisme sous la IV° République
Si la FAL joue, autour des écoles primaires, un rôle d'animation et d'éducation populaire, elle se présente surtout comme une organisation de combat laïque, la distinction faite avant la guerre entre propagande et combat n'a plus guère de sens après 1945, la FAL participant dans un premier temps avec partis de gauche et syndicats du Cartel d'Action Laïque fondé à Nantes le 16 novembre 1947, puis animant à partir du début des années 50 le Comité Départemental d'Action Laïque conjointement avec les syndicats de la FEN, la FCPE et les représentants des usagers, structure qui reproduit à l'échelon de la Loire atlantique celle du CNAL. Sous la IV° République, à l'échelon national, les atteintes à l'équilibre existant depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat restent limitées. Un des points culminants de la "guerre scolaire" nantaise se situe en 1948. Le 12 février se déroule le procès des organisateurs de kermesses catholiques qui ont refusé d'acquitter leurs taxes aux contributions indirectes.
Pendant toute cette période, les Laïques s'efforcent de répliquer : manifestation à Nantes le 18 juin 48 à l'appel du cartel d’action laïque, fête de la jeunesse des écoles au stade Malakoff le 13 juin, etc. Force est cependant de constater que, malgré leurs efforts, leurs capacités de mobilisation sont inférieures à celles de cette "nouvelle chouannerie". On voit d'ailleurs les mouvements catholiques s'étendre à tout l'Ouest avec le mot d'ordre de grève des impôts lancé au printemps 1950. C'est seulement en septembre 1951 que les laïques réagissent en masse; en quelques jours 29 000 signatures sont recueillies auprès des parents d'élèves, 83 conseils FCPE et 27 nouvelles Amicales se créent, et 5000 militants de Loire inférieure se déplacent à la manifestation nationale de Cholet.
Certes faudrait-il relever les nuances qui s'expriment dans la FAL, et le rappel périodique par la Vie Laïque du respect des croyances qu'implique la laïcité. Souvent s'exprime cependant un anticl éricalisme de combat, justifié par une situation d’assiégés :
"Bien souvent dans nos campagnes le maître se trouve seul dans sa classe unique face à une population asservie et trouve en face de lui un ennemi irréconciliable qui veut la mort de l'enseignement laïque, de l'esprit critique et de la personnalité humaine, c'est à dire du citoyen républicain…".
Cet anticléricalisme s'accompagne jusqu'aux alentours de 1956 d'une attitude de réserve politique pour tout ce qui ne touche pas directement à l'école. C'est en gros la ligne suivie depuis l'origine et le groupe dirigeant, souvent plus radical que socialiste à l'image de son président Rouxel, reste en particulier très méfiant par rapport aux communistes malgré la présence de quelques militants de ce parti dans les Amicales ou chez les Francs Camarades. Ainsi l'éditorialiste E. Nicol met-il en garde en janvier 53 contre " les camarades qui cherchent à faire prévaloir une idéologie" ;
"par définition, ajoute-il, notre organisation est apolitique et doit le demeurer "…
Les combats du début de la V° République :
La fin des années 50 se marque par une relève au sein de la direction. Après le départ de Rouxel fin 1954, F. Jagueneau puis l'ingénieur Murzeau exerceront la présidence, ce dernier jouera un rôle essentiel dans l'acquisition du siège de la FAL, 88 rue du préfet Bonnefoy. Outre ce changement dans les hommes l'année 56 et la dérive du gouvernement Mollet semblent avoir été l'élément décisif pour sortir de l'apolitisme.
On voit ainsi le bureau de la FAL condamner la torture en 1957 et le bombardement de Sakhiet en février 1958. Mais l'avènement de la V° République va cristalliser cette évolution vers la gauche avant même que ne ressurgisse la question de l'école. En mai 58 le bureau appelle à participer aux manifestations de défense de la République des 27 et 28 mai qui, à Nantes comme ailleurs, ne mobilisent pas les masses ; conscients d'être à contre-courant de « 60% de leurs adhérents » comme l'écrit le nouveau secrétaire général Robert Plissoneau, et fortement déçus par la position prise par Albert Bayet, président de la Ligue de FAL 44 : 9 rue des olivettes BP 74107 44041 Nantes cedex 1 - 4 - Historique – 2003
L'Enseignement, en faveur du Oui au référendum de septembre, les dirigeants de la FAL prennent néanmoins nettement une attitude d'opposition.
Dès la fin de 1958 les inquiétudes liées aux projets anti-laïques les amènent à hausser le ton. La période de 1959 à 1962 constitue, à l'échelle nantaise comme à l'échelle nationale, le point culminant de l'action avec une mobilisation laïque à peu près ininterrompue contre la loi Debré et ses applications. L'enjeu, cette fois est d'importance puisque l'équilibre du système scolaire français se trouve profondément modifié.
Les points forts à Nantes en sont la manifestation du 29 novembre 1959 avec 80 000 participants et la pétition qui recueille plus de 1000000 signatures entre février et mai 1980. Certes la FAL reflète aussi les divergences existant au sein de la Gauche, mais peut être à cause du travail en commun d’hommes de sensibilités politiques différentes, l'union se réalise plus facilement que dans les syndicats enseignants souvent déchirés par des luttes de tendance.
L'amorce d'un dialogue avec les catholiques
Au cours des années 60 l'orientation plus politique et plus à gauche de la FAL s’accompagne d'une redéfinition de la laïcité, et d'une atténuation du vieil anticléricalisme.
Le changement se manifeste après la retombée des luttes contre la loi Debré en partie sous l'influence du Comité National d'Action Laïque. L'évolution vers une politique de la "main tendue" est particulièrement spectaculaire à Nantes vu l’ampleur du contentieux existant. Par ignorance ou par entêtement, écrit en novembre 1967 le secrétaire de la FAL, Paul Allain, dans le langage courant le terme laïque est opposé à celui de catholique…
Il faut admettre qu’un chrétien peut être laïque et un athée ne pas l'être. Quelque chose est changé, ajoute -t-il, de plus en plus de catholiques qui se sentent des hommes libres affirment leur attachement à l 'école publique. C'est surtout en 1988, et dans les années qui suivent que des contacts sont noués: discussions entre des prêtres, des religieuses et des animateurs des mouvements laïques dans les journées de mai 68 ; organisation ensuite pendant au moins deux années dans de nombreuses communes du département de réunions animées en commun par des responsables de la FAL et de l'enseignement catholique, contacts également avec Bernard Lambert qui fait adopter par le Centre Départemental des Jeunes Agriculteurs les idées du CNAL.
Ce dialogue ne signifie nullement l'acceptation par les Laïques du dualisme scolaire mais exprime au contraire l'espoir d'une unification qui mettrait fin à un véritable système "d’apartheid".
Au niveau national, le projet déjà mis au point en 1967 d'un grand service public unifié à gestion tripartite, était repris par le colloque du CNAL de mai 72 auquel partis de gauche et syndicats y compris la CFDT apportèrent leur soutien. Un peu auparavant, des contacts avaient été noués entre des responsables du CNAL et de l'enseignement catholique, dans l'espoir d'une "unification en douceur".
Cependant la loi Pompidou de 1971 et surtout la loi Guermeur de 1977 renforcèrent au contraire un dualisme scolaire que l'épiscopat, après les hésitations post-conciliaires, appelait de ses voeux. Les espoirs des laïques se reportèrent donc sur l'arrivée de la Gauche au pouvoir. A Nantes comme à l'échelle nationale on voit d'ailleurs le dialogue avec les catholiques s'essouffler vers 1975 au point qu'il peut apparaître surtout comme un phénomène de « l'après mai »...
Du projet Savary aux interrogations actuelles
ll est un peu tôt pour dresser un bilan de la période agitée des années 81-84, et surtout pour mesurer du point de vue laïque les conséquences de l'échec qui la clôture.
On notera simplement que la mobilisation laïque nantaise à laquelle la FAL a beaucoup contribué a été nettement supérieure à celle de la plupart des autres régions : les deux points forts en furent la participation au rassemblement du Bourget du 9 mai 1982 et la manifestation du 27 novembre 1983 qui regroupe à Nantes plus de 100 000 manifestants.
S'ils n'ont pas approuvé les positions ultra-laïques représentées dans notre département par B. Bolzer, syndicaliste qui quitta la FEN pour FO, les dirigeants de la FAL n'en ont pas moins exprimé de vives inquiétudes concernant un projet Savary qui leur paraissait entériner le dualisme ; comme l'ont fait la FEN et le CNAL, ils ont poussé à l'adoption par la majorité socialiste des amendements de la fin mai 84, qui ont contribué à la radicalisation des catholiques et au retrait final du projet. Une page de l'histoire laïque ayant été tournée en 1984, le besoin d'une réflexion pour définir de nouvelles perspectives est nettement ressenti ; elle est menée au sein du cercle Condorcet et débouchera en juillet 92 sur le congrès national de la Ligue de l'Enseignement qui se tiendra à Nantes pour la première fois depuis 1952. Jouant un rôle essentiel dans la vie associative et représentant une force appréciable avec ses 322 associations et ses 52 000 adhérents, la FAL s'interroge aussi sur l'évolution de ses activités. Si les secteurs des sports, vacances, loisirs se sont développés et diversifiés, répondant aux besoins des usagers, le risque existe, surtout en ville, de voir les Amicales et la FAL se cantonner dans un rôle de prestataires de services en perdant de vue les objectifs d'éducation populaire et l'idéal militant…
En guise de bilan
Ces interrogations sur l'avenir n'empêchent pas de relever à la fois les permanences et les évolutions qui ont marqué un demi-siècle d'activités, L'idée d'une très grande importance des oppositions autour de l'école et du maintien face à un catholicisme au très fort poids régional, d'une vieille culture laïque anticléricale se trouve confirmée par l'histoire de la FAL. Ses militants qu'on surnommait dans les instances dirigeantes de la Ligue "les Marseillais de l'Ouest", ont souvent eu tendance à renchérir sur les positions nationales du camp laïque.
Il n'en reste pas moins que leur perception du catholicisme s'est nettement trouvée modifiée par les changements des années 60 qui sont bien, dans l'histoire de la FAL comme ailleurs, un tournant essentiel. Ils ont su alors nouer un dialogue avec d'anciens adversaires et se démarquer dans leur défense de la laïcité des positions secta ires.
Malgré cette évolution, Nantes a vu se maintenir plus longtemps qu'ailleurs, grâce à la vigueur de deux Pôles, catholique et laïque, qui semblent se renforcer l'un l'autre, des conflits enracinés dans l'Histoire.
Faut -il y voir la marque d'un retard sur l'évolution nationale ou l'indice d'une aptitude à mieux conserver des traditions de civisme et de sociabilité, antidotes nécessaires à l'indifférence et à l'inertie ?
Rémy Favre 1990
Cette étude utilise presque exclusivement les archives de la FAL ainsi que les témoignages de P.Allain et P.Gouillard…
Pour aller plus loin :
Sur l'histoire de la laïcité dans cette période, on peut consulter :
La forteresse enseignante, la fédération de l'Education Nationale. V. Aubert, A.
Bergounioux, J.P. Martin, R.Mouriaux. Fayard, 1985.
Le numéro 57-58 des Cahiers de l'Animation publiés par l'INEP : l’Espérance contrariée,
Education populaire et Jeunesse à la libération. INEP, 1986.
"Serviteurs d'Idéal", histoire des origines des organisations militantes dans l’ 'Education
Nationale, Les Bâtisseurs, tome II. André Henry. Paris, centre fédéral FEN, 1987.
Vers un nouveau pacte laïque . Jean Baubérot. Paris, Seuil, 1990.